De gauche à droite : Ema, Emmanuel, Déborah, Dovilé, Anna et Ninel au siège social de l’OSE
La semaine dernière, nous avons eu de la visite ! L’OSE accueillait quatre lituaniennes, travailleuses sociales de la communauté juive de Lituanie, dans le cadre d’un voyage d’étude en partenariat avec le programme Erasmus + de l’Union européenne. Souhaitant mettre en place un accueil de jour pour personnes âgées dépendantes en Lituanie, sur un modèle similaire à ceux de l’OSE, elles sont venues étudier et visiter les structures de notre association. Nous leur avions préparé un programme chargé et riche, auquel de nombreux professionnels de l’OSE ont contribué.
Journal de bord, par Deborah Lankry, étudiante en interprétariat.
Lundi 5 juin
Emmenées par Emmanuel Darmon, chargé de l’action internationale à l’OSE, notre première visite est l’appartement thérapeutique de la MAS Alain-Raoul-Mossé. Depuis 2012, la Maison d’Accueil Spécialisé accueille en journée 14 personnes adultes en situation de polyhandicap et depuis le mois de mai 2014, 7 adultes polyhandicapés en résidence dans un appartement thérapeutique. Il s’agit pour la MAS de mettre en œuvre le droit de chaque personne, fût-elle polyhandicapée, à vivre dans la ville. Le Dr Laurent Gourarier, psychiatre à la MAS, exprime son engagement dans son travail dans ce centre et nous explique en quoi ce lieu est très spécifique dans le paysage médico-social.
Nous nous dirigeons ensuite en plein cœur du Paris juif, au carrefour des générations, au Café des Psaumes. L’OSE y anime un café social associatif destiné aux séniors, au lien intergénérationnel et à l’ensemble de la communauté. C’est un lieu de convivialité, d’échange, de souvenir et de projets, qui accueille le public tous les après-midis et propose de nombreuses activités, telles que des concerts, des conférences, des ateliers ou encore des expositions. Michael Rapaport nous accueille avec des fallafels du quartier et présente les animations proposées aux aînés qui fréquentent avec assiduité ce café social.
Mardi 6 juin
Le deuxième jour, nous visitons le Centre Robert-Job. Ouvert depuis 2006, il s’adresse principalement aux adultes dont le handicap ne leur permet pas ou plus d’intégrer des entreprises. Sophie Kharouby, directrice du CAJ Robert-Job, nous accueille et nous présente l’action du centre.
Au cœur des activités proposées ici, nous trouvons l’art et surtout le cinéma. Après une réunion d’explication, nous partons rejoindre les usagers aux côtés desquels nous visionnons un petit film de 20 minutes, réalisé à l’occasion des 10 ans du centre, composé de petits sketchs qui mettent les usagers à l’honneur en musique sur des remakes de scènes de films mythiques. En se voyant à l’écran, ils crient de joie, émus de se voir ainsi.
La directrice conclue : « ici il n’y a que des rires et de la joie ».
Nous sommes alors rejointes par Marc Cohen, Gériatre et directeur du centre Renée-Ortin à Sarcelles, que nous visitons cet après-midi.
Nous sommes accueillies par Helga Ketevi, le chef de service, qui nous présente ce centre pour personnes âgées atteintes d’Alzheimer. Ils fêtent en ce mardi 6 juin les deux ans du centre : « Quel jour sommes nous ? » Leur demande soudainement le Dr Marc Cohen. « Quelle année ? », poursuit-il, alors que les réponses des patients fusent. « En sachant que nous avons ouvert il y a deux ans, quel âge a-t-on aujourd’hui ? » : « Deux ans ! », s’exclament en cœur deux patients. Nous chantons alors en cœur « Joyeux anniversaire ».
Claude, art thérapeute, nous explique que sont mis en place des jeux de mémoire, autour de l’art et de la peinture. Le Dr Marc Cohen nous explique qu’il ne s’agit pas d’une compétition : le but est de redonner confiance aux patients en leur posant des questions auxquelles ils peuvent répondre : « il faut par exemple éviter les questions ouvertes et toujours donner trois possibilités de réponses. »
Au sein du même bâtiment, nous visitons ensuite d’autres services sociaux de la communauté juive : le SAFEJ (Service d’Accueil Familial et Educatif de Jour) de l’OPEJ, le service social du Val-d’Oise du CASIP.
Nous donnons rendez-vous le lendemain pour de nouvelles découvertes !
Mercredi 7 juin
Ouvert il y a 2 ans, le centre d’accueil de jour Madeleine-Meyer accueille et accompagne les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou de maladies neurodégénératives apparentées à Paris 15ème.
Sophie Kharouby explique le fonctionnement du centre d’activités de jour
Sophie Kharouby, directrice du centre, nous explique que les activités sont centrées autour de l’art et de la mémoire : sous forme de jeu par exemple, et nous avons le privilège de participer à l’un d’entre eux. On questionne les patients sur l’actualité et le monde qui les entoure. Nous commençons par la géographie. « Quelle est la capitale de la Lituanie ? » « – Vilnius ! » Puis vient l’histoire : « Quels ont été les présidents de la France ? ». Malgré quelques difficultés, certains patients ont des sursauts de mémoire, tous très chaleureusement félicités par Manuel, en charge de l’activité, et nous-mêmes. Nous avons également le privilège d’échanger avec les patients, notamment une dame qui nous inspire le respect et la force en parvenant à rire de sa maladie et à garder son sourire éclatant.
Le chant est également utilisé pour faire travailler la mémoire des patients. C’est la psychologue qui s’en charge, aidée de l’orthophoniste qui les entraine pour l’exercice. Elle nous explique que de nombreuses études ont montré que les patients se souvenaient plus facilement des paroles de chansons.
Nous déjeunons entourés des malades qui sont souriants et enchantés de nous voir. Au moment de partir, les lituaniennes apprennent aux patients à dire merci et au revoir : « ačiū ir sudie ! ». C’est ainsi que nous prenons congé, avec pour dernière image les sourires et les signes de la main des patients.
C’est Paul Benadhira, le directeur du centre Edith-Kremsdorf à Paris 3ème, qui nous y accueille chaleureusement. Ouvert en 2000, c’est le premier centre de jour pour les personnes atteintes d’Alzheimer à Paris et en France. Les objectifs principaux de la prise en charge sont de valoriser l’autonomie, la socialisation et de fournir aux familles des malades un répit, une écoute, un accompagnement. Paul Benadhira ajoute : « alors que le monde extérieur les considère comme des malades, au centre ils retrouvent leurs identités et peuvent être simplement eux-mêmes. »
Une anecdote a marqué nos visiteuses lituaniennes : les attentats qui ont frappé le 11ème arrondissement voisin (Charlie Hebdo, le Bataclan), ont choqué et effrayé les jeunes aides-soignantes. Ce sont les survivants de la Shoah accueillis au centre qui ont tenu à les rassurer en partageant leur expérience de la guerre. La relation d’aide était présente dans les deux sens et un vrai lien intergénérationnel s’est tissé entre patients et aides-soignants.
Jeudi 8 juin
Le lendemain, Paul Benadhira, qui dirige également le Club des Aidants Joseph-Weill à Paris 12ème, a accueilli la délégation lituanienne autour de tables de bistrot qui font le charme de ce club, avec des viennoiseries typiquement françaises. Le premier croissant de nos invitées.
Ouvert en 2013, le Club des Aidants Joseph-Weill a pour but de soutenir les proches du malade qui s’occupent de lui, et de leur fournir un soutien psychologique, un lieu de répit, de loisir et d’échange. L’OSE a compris que les malades et les aidants ont chacun des problématiques qui leur sont spécifiques et qui nécessiteront un soutien différent.
Finalement, la philosophie du Club des Aidants est d’adopter le point de vue de l’aidant, de l’accompagner sans jugement, de trouver des solutions personnalisées et de l’aider à s’intégrer dans sa vie.
C’est au siège social de l’OSE, le Centre Georges et Lili Garel à Paris 10ème que s’achève notre voyage. Après une brève visite des locaux, qui abrite notamment le service Archives et Histoire, l’occasion de revenir sur l’histoire centenaire de l’OSE, nous nous installons dans la cour pour faire un point sur leur semaine avec Esther Rozenkier, secrétaire générale de l’OSE. Celle-ci a très largement dépassé leurs attentes : elles ont énormément appris et découvert aux côtés des équipes de l’OSE. Elles sont abasourdies par la richesse des aides sociales de l’OSE, tant dans le domaine de l’enfance, que de la dépendance et du handicap.
L’OSE est officiellement invitée à Vilnius pour l’ouverture de leur futur centre ! Une coopération internationale que nous espérons fructueuse.