Le 21 juin à la Maison d’Accueil Spécialisée, pour la 1ère fois, les 2 pôles externat et internat se sont réunis pour fêter la musique autour de l’art-thérapie : un sculpteur travaillait le bois pendant que le groupe de musique invité pour l’occasion jouait, devant les usagers, leurs familles et toute l’équipe.
Le 23 juin, l’Institut médico-éducatif IME Raphaël a accueilli la chanteuse Rebecca Lahmi et le pianiste Robert Tchouldjian, des habitués du Café des Psaumes. Ils ont offert aux jeunes accueillis et à leur famille, ainsi qu’aux équipes éducatives, un concert animé sur la terrasse du centre.
A la Maison d’enfants Eliane-Assa, c’est sur le thème de l’Italie qu’a été organisée la traditionnelle fête de juin !
Les enfants avaient préparé des spectacles pour l’occasion, avec l’aide de leurs éducateurs.
Un grand bravo aux cuisiniers, aux équipes éducatives et à l’ensemble des personnels de la maison et bien sûr aux enfants qui ont beaucoup donné de leurs talents artistiques !
Le Service Ecoute Mémoire Histoire a quant a lui fêté l’été le 12 juillet au siège de l’OSE, autour d’un goûter convivial, animé par un violoniste.
Toutes les équipes de l’OSE vous souhaitent un bel été !
Celles du Café des Psaumes et une partie des médecins généralistes du centre Georges Levy continuent de vous accueillir en août
Retrouvez les photos des cérémonies organisées par l’OSE et l’Institut Universitaire des Etudes Juives à l’occasion du 80ème anniversaire d’Elie Wiesel.
Les 12 et 13 novembre 2008, l’OSE et l’Institut Elie Wiesel ont célébré les 80 ans d’Elie Wiesel. Deux journées fortes en émotion où le prix Nobel de la Paix a rappelé l’importance du devoir de mémoire et de paix.
Vous pouvez également consulter le cahier spécial réalisé pour l’occasion dans le magasine Osmose d’Octobre-Novembre 2008 en cliquant sur l’image ci-dessous.
Elie Wiesel a marqué nos vies de par son inlassable action pour défendre les droits de l’homme de par le monde
“Ceux qui ne connaissent pas l’histoire s’exposent à ce qu’elle recommence”, disait Elie Wiesel, rescapé des camps d’Auschwitz et de Buchenwald. Ce fut l’engagement d’une vie, de toute sa vie, qu’il a passée à arpenter le monde pour mettre des mots sur l’innommable, l’indescriptible, l’indicible vie des camps où ont péri ses parents et sa sœur, et avec eux six millions d’âmes.
Dans La Nuit, il a témoigné avec des mots si forts et si touchants de la cruauté des camps, la faim, le froid, la torture, mais aussi l’obstination à ne pas perdre sa dignité d’homme et la culpabilité de n’avoir su ou pu accompagner son père au crépuscule de sa vie. Il y raconte cette nuit qu’il n’oubliera jamais, le silence et les volutes de fumée, l’obscurité qui recouvre le monde car elle a déjà recouvert le cœur des hommes. Il en tire une obligation de vigilance, un devoir, non pas seulement de mémoire, mais d’attention aux signaux faibles du monde, comme un écho au verset du Prophète Isaïe: “Veilleur, où en est la nuit? Veilleur, où donc en est la nuit?” (XXI, 11).
Parce que la peur ne l’a jamais quitté, qu’un jour, le monde oublie ou ne banalise la Shoah, Elie Wiesel a dédié sa vie à l’éducation des jeunes générations, à la transmission de ses souvenirs et de ses plus grandes craintes, pour que plus jamais personne ne vive l’enfer de son adolescence, et peut être pire encore, afin que personne ne sombre dans l’indifférence envers celui qui est nié, où que ce soit, dans sa dignité humaine.
Elie Wiesel, qui étudiait le Talmud, avait écrit en 1982 dans Paroles d’étranger: “Dieu se veut à l’origine de tous nos actes et à leur dénouement aussi. Il est à la fois question et réponse”. Aussi ne puis-je m’empêcher de citer un passage talmudique qui nous enseigne qu’un juge ne doit pas être trop vieux, car il ne doit pas oublier la difficulté d’élever des enfants. Elie Wiesel avait cette capacité incroyable d’écouter et de jauger le monde, ses bienfaits comme ses travers, sans pour autant le juger, car il avait toujours le désir de nous élever.
J’ai eu le bonheur d’échanger avec lui à Reims, lors de sa venue à l’école de commerce pour une conférence et, plus encore, de retrouver pour lui et avec lui les chants de chabbat de sa jeunesse en yéchiva que Emeric Deutsch m’avait transmis. Et je l’ai vu s’ouvrir comme un livre et raconter, avec toujours un mot particulier pour chacun, anciens comme plus jeunes, et même les enfants, qu’il aimait tout particulièrement rencontrer dans les maisons de l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants) qui l’avait accueilli après-guerre et à laquelle il est resté fidèle bien que vivant aux Etats-Unis, en acceptant notamment de donner son nom à la maison de Taverny.
C’est là, en cette maison, qu’avec la direction et ses camarades de l’OSE, nous avons voulu lui rendre mardi dernier le seul hommage qui lui convienne, celui de l’étude. Dire ce que nous lui devons, c’est le rendre toujours présent à nos questions, à nos doutes et à nos espérances. Mais lorsque nous avons chanté, à faible voix et juste avec les anciens qui avaient partagé sa remontée à la vie, le niggun, la mélopée si prenante des mariages hassidiques qui nous venait de son monde d’hier, nous savions qu’Elie Wiesel continuerait de nous murmurer au cœur et à l’âme sa sagesse et sa force.
Elie Wiesel était certes écrivain, mais il a surtout marqué nos vies de par son inlassable action pour défendre les droits de l’homme de par le monde. “Messager de l’humanité” comme l’avait qualifié le comité Nobel qui lui remit le si prestigieux et mérité Prix Nobel de la Paix en 1986, nommé Messager pour la Paix par l’ONU en 1998, il fut un grand militant de la paix et un défenseur hors du commun des valeurs humanistes universelles.
Si sa mémoire et ses engagements ont été unanimement salués, nous pouvons garder en nous le souvenir d’un homme simple, émouvant et au grand cœur, ainsi que des formules, dont lui seul avait le secret. Celle que je conserve pieusement est: “Le contraire de l’amour n’est pas la haine, mais l’indifférence”, que je cite très souvent, tant elle résonne dans mon esprit, tant elle m’inspire et m’oblige au quotidien.
Son histoire nous a bouleversés, son courage et sa simplicité aujourd’hui nous obligent, car nous sommes tous un peu ses enfants. “Celui qui écoute les témoins devient témoin à son tour” a écrit et répété Elie Wiesel. Il nous faut poursuivre inlassablement et aussi humblement que lui son œuvre et raconter toujours et encore la Shoah, car nous tous qui l’avons écouté, admiré et estimé, sommes dorénavant, collectivement, ses témoins.
Puissions- nous être dignes de son témoignage, Puissions-nous prendre le relais et transmettre à notre tour, Puisse la mémoire du Mensch Elie Wiesel être bénie.
En 1945, il reste dans le camp de Buchenwald libéré par les Américains, plus d’un millier de jeunes Juifs entre huit et vingt-deux ans. Issus des villages les plus reculés de Pologne, de Roumanie, de Hongrie ou de Tchécoslovaquie, ils attendent que l’on statue sur leur sort. 535 arrivent en France, dont 426 pris en charge par l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants, une œuvre juive d’assistance qui avait mis en place pendant la guerre un réseau spécifique de sauvetage d’enfants). Avant d’être regroupés à Buchenwald, ils ont subi les ghettos, les camps de travail forcé, les sélections, les marches de la mort.
Elie Wiesel (Leiser) est de ceux là. Il est né à Sighet, un petit village des Carpathes qui, à l’époque, faisait partie de la Hongrie (actuellement en Roumanie). Dans La Nuit, il raconte qu’il était profondément croyant, attiré par la mystique juive et la kabbale, que son père avait une place de notable dans la communauté. Tous les Juifs de Sighet ont été déportés à Birkenau en mai 1944. Elie a survécu avec son père jusqu’à Buchenwald. Puis il reste seul. Il a 16 ans. Lorsqu’arrivent les américains, le 11 avril 1945, ils ne peuvent que réciter la prière des morts. Certes, il y a un sentiment de libération, mais aucune joie. Après deux mois d’attente et de désoeuvrement, Elie se retrouve en France en quarantaine médicale, avec le groupe des « enfant de Buchenwald ».
Ecouis, un préventorium dans l’Eure
Ecouis fut un choc, pour tous : pour les jeunes, qui n’acceptent pas de se retrouver dans un camp, en quarantaine. Pour les adultes aussi, qui ne comprennent rien. Les problèmes qui surgissent sont nombreux et de nature très diverse. Les garçons y restent de quatre à huit semaines selon les cas. La détresse de ces jeunes est à la mesure de l’expérience vécue et les problèmes auxquels ils sont confrontés à la mesure de l’incompréhension de leur situation. Il faut se représenter les difficultés rencontrées pour mettre sur pied, dans les conditions de dénuement de l’après-guerre, un centre d’accueil correctement équipé pour 472 personnes, ainsi qu’une organisation susceptible d’assurer un vrai contrôle médical. Conçu comme transitoire, le centre ferme ses portes en août 1945.
Pour Elie Wiesel c’est incontestablement le premier stade de la réadaptation, qui se manifeste symboliquement d’ailleurs par l’écriture, puisqu’il demande du papier et un crayon et qu’il commence un journal intime. Réadaptation à quoi ? « Comment avez-vous fait pour vous réadapter à la vie ? La question est très mal posée, il faudrait plutôt demander : Comment avons-nous réussi à réapprendre à respecter les morts, tout enrejetant la mort ? En vérité, ce n’était pas si difficile que ça, moins difficile en tout cas que de nous réadapter à la mort. Parce que nous avons dormi avec les morts, côtoyé la mort pendant toute une vie, pendant toute une série de vies, il nous fallait faire un effort intellectuel et affectif pour voir en elle un arrachement, un malheur, un scandale. Durant notre emprisonnement, c’était un événement banal, attendu, une présence quotidienne, une routine. La norme et non l’exception. Après tout, nous étions là non pour vivre, mais pour mourir. Quand on butait sur un cadavre, on continuait son chemin sans même lui accorder un regard. Comme si l’on venait de déplacer une branche desséchée.
Il nous a fallu nous recycler mentalement, nous refaire un système de valeurs, pour comprendre cette loi talmudique empreinte d’un humanisme bouleversant : si le grand prêtre aperçoit un cadavre anonyme, il doit tout laisser et l’enterrer immédiatement, même s’il est en route pour le Temple. Respecter la dignité d’un mort a priorité, même sur l’office du jour le plus sacré de l’année.
Un cadavre anonyme ? Dans le camp, nous étions tous des cadavres anonymes en puissance, des cadavres ambulants. Même lorsqu’un ami ou un parent s’éteignait, on ne pleurait pas, on ne portait pas le deuil, on ne déchirait pas ses vêtements, on ne mettait pas de la cendre sur son front, on n’affichait pas son chagrin, on ne se sentait pas amoindri. On ne faisait rien, on ne pouvait rien faire pour marquer l’évènement. » * Voilà une leçon de plus : la nature humaine est ainsi faite qu’on s’habitue plus aisément à la détresse qu’au bonheur.
Le jeune homme éprouve le besoin de se taire sur son histoire, mais retrouve la foi, même si c’est une foi blessée. Les éducateurs mêmes les plus chevronnés n’étaient pas préparés, d’ailleurs ils attendaient de jeunes enfants, dont la présence au camp était attestée par un journaliste de l’AFP, Christian Ozanne, qui lui-même revenait de Buchenwald et qui parle de plusieurs centaines d’enfants de 3 à 17 ans.
« Pauvres moniteurs et monitrices. Croient-ils pouvoir nous éduquer, nous qui avons regardé la mort en face ? Nous en savons plus qu’eux et plus que leurs Maîtres sur les mystères de l’existence et de la création, sur la fragilité de la connaissance et la fin de la Création, sur la fragilité de la connaissance et la fin de l’Histoire. Le plus jeune d’entre nous possède une somme d’expériences plus vaste que le plus âgé parmi eux. Comment peuvent-ils comprendre notre besoin de garder quelques restes de gâteau sous nos oreillers ? Et la méfiance que nous inspire n’importe quel inconnu ? La parole qui revient le plus fréquemment sur nos lèvres ? « Vous ne pouvez pas comprendre ».
Et pourtant à Ecouis, le jeune Elie Wiesel fait de belles rencontres féminines, Gaby Cohen dite Niny, et Rachel Minc, qui parlait le yiddish et qui était devenue leur confidente.
« Une jeune femme brune d’origine alsacienne, fine, gracieuse, au sourire envoûtant, fait partie de l’équipe des moniteurs ; elle s’appelle Niny. Elle comprend notre yiddish et essaie même de le parler. Combien de garçons la voient dans leurs rêves ? Par son éducation, elle se sent proche de notre groupe religieux qui l’adopte aussitôt. Une autre,Rachel Minc, un peu plus âgée, porte sur son visage une tristesse émouvante : l’OSE l’a engagée parce qu’elle est poétesse. Le soir, elle nous déclame des vers et des contes d’Itzhak-Leibush Peretz. C’est elle qui, dans les années cinquante, me fera découvrir Nikos Kazantzakis et le secret qui les liait l’un à l’autre. »
Ecouis, c’est aussi pour Elie Wiesel le moment où lui, qui se croyait seul au monde, retrouve ses deux sœurs, intense moment d’émotion et de reconstruction intérieure. Les plus religieux des garçons partent ensuite à Ambloy.
Ambloy et Taverny l’expérience des plus religieux
Ils sont quatre-vingt-un, en majorité orthodoxes, ainsi que les plus jeunes, à Ambloy, dans un superbe château de 40 chambres prêté pour l’été, puis au château de Vaucelles, à Taverny.
Tous ont un souvenir ému de cette période “ pont indispensable entre les camps et la vie nouvelle. ” Élie Wiesel qui faisait partie de ce groupe rend, dans ses mémoires, un vibrant hommage à ses monitrices de l’époque, Judith et Niny.
« Comment as-tu fait, Judith, comment avez-vous fait pour nous apprivoiser ? Niny, cette jeune éducatrice si belle et si dévouée, comment a-t-elle fait pour tenir tant de semaines parmi nous, avec nous ? (…) Rationnellement, Judith, nous étions condamnés à vivre cloîtrés, comme de l’autre côté de la muraille. Et pourtant, en peu de temps, nous réussîmes à nous retrouver du même côté. Ce miracle-là, à qui le devons-nous ? Comment l’expliquer ? À quoi l’attribuer ? À nos affinités religieuses ? Aux vôtres ? Le fait est que tous ces enfants auraient pu basculer dans la violence ou opter pour le nihilisme : vous avez su les diriger vers la confiance et la réconciliation. »
Ce fut un moment privilégié, de juillet à octobre 1945, dans un endroit de rêve, loin du monde, où ces jeunes ont pu commencer à se réparer. « Niny ne le sait pas, mais Kalman et moi composons à sa gloire des poèmes enflammés et médiocres en yiddish. Innocents ? Oui. Platoniques ? Oui encore. Et pourtant, l’attirance que nous avons ressentie pour elle me paraît aujourd’hui bien compréhensible : vivant entre garçons, comment n’aurions-nous pas été subjugués par la présence de Niny, si féminine, si affectueuse ? Dès que je l’apercevais, mon cœur se mettait à battre violemment. »
La grande activité d’Ambloy reste pour tous, les séances chez le photographe de Vendôme. Les jeunes y vont au moins une fois par semaine et tous y laissent leurs économies. Ils se font photographier seul, en groupe, à deux, avec leurs plus beaux atours, ou avec leurs pyjamas rayés, avec ou sans cravates, avec ou sans chapeau, comme s’il fallait fixer dans la réalité, ou se prouver à eux-mêmes, qu’ils existaient encore.
Ce n’est pas le cas d’Elie Wiesel, lui se lance à corps perdu dans l’étude. Le groupe des Hongrois, très religieux, bouillonne d’activités : cercles d’études, lieux de prières improvisés et cours de kodesh (matières religieuses) se font et se défont au gré du rituel journalier. Certains suivent des cours d’anglais, dans l’espoir de partir en Palestine, d’autres des cours de français. Tous font du sport avec un moniteur de l’OSE, Maurice Brauch. Elie Wiesel dit que ces années de retour à la vie et de formation, il les doit à l’OSE, premier regard sur la liberté, la mémoire et surtout les jeunes filles.
La fête de Kippour, la première célébrée depuis leur libération, donne lieu à un débordement de ferveur et d’émotion. « C’est à Ambloy que nous célébrons les premières grande Fêtes depuis la libération. Pour le service de Yizkor, consacré à la mémoire des disparus, les écluses s’ouvrent enfin. Toute l’assemblée pleure. Larmes de soumission à Dieu, larmes de contrition, de remords et d’incompréhension, larmes de désespoir. Le dernier office auquel nous avions assisté, c’était où et quand ? Avec mon grand-père, chez le Rabbi de Borshe à Sighet. Avec mon père, sur la place d’appel à Buna. Tout cela est désormais si loin : le temps ne se mesure plus en années, pas même en années-lumière. C’était ailleurs, dans un autre univers et une autre histoire. »
Ce fut même l’occasion de débattre de l’opportunité ou de l’interdiction de dire le kaddish (la prière des morts) pour leurs parents. En vivant leur vie juive d’autrefois, avec toute la ferveur qu’ils avaient réussie à garder en eux, dans le souvenir de leurs parents et de leurs années d’enfance, tous ont pu entrer à nouveau dans la vie.
Puis tout le groupe part à Taverny, au château de Vaucelles, d’octobre 1945 à septembre 1947.
La vie de groupe dans un cadre ouvert, sans autorité excessive, a permis de stabiliser affectivement ces adolescents et de les réadapter progressivement à la réalité. En effet, la vie dans cette maison a été ressentie comme une entité sécurisante, où des relations quasi-fraternelles ont pu se tisser et assurer le transfert de tous les affects. La qualité de l’encadrement, l’attitude tolérante des deux éducatrices qui ont fait l’effort d’apprendre le yiddish et d’appeler les adolescents par leurs prénoms, expliquent aussi la réussite de Taverny. Ces adolescents avaient la possibilité d’être ce qu’ils étaient. Enfin, la vie religieuse a fait le reste, en particulier le contact avec les jeunes du mouvement religieux Yeshouroun venus organiser un camp d’été.
À Taverny, certains ont pu rattraper des étapes sautées dans la construction de leur personnalité. Eux qui n’avaient eu ni enfance ni adolescence pouvaient enfin, dans ce cadre protégé, régresser ou simplement connaître l’insouciance. Pour Elie Wiesel, Taverny est le temps de la recherche et le mérite de l’OSE est de lui avoir laissé le temps de se chercher. « L’OSE s’arrange en 1947 pour que François Wahl me donne des cours particuliers. Grand, élancé, les traits fins, un peu désœuvré, la tête toujours inclinée, il jouera un rôle dans ma vie. Excellent professeur, intuitif autant qu’érudit, doté d’une imagination effervescente, il m’initie à ce que les enseignants français aiment le plus : l’explication de texte. » On tient là une des clefs du pourquoi il a utilisé le français pour ses premiers écrits, en dehors de la Nuit écrite en yiddish. Le français est la langue de sa renaissance.
Il y a une autre rencontre qui structure sa pensée et qui fait le pendant à François Wahl, , c’est Shoushani, maître talmudique, mystérieux personnage, totalement insaisissable, qui fut le maître d’Emmanuel Lévinas. « C’est en 1947 que Shoushani réapparaît dans ma vie. Pendant deux ou trois ans, il m’enseignera sans relâche la perplexité et l’angoisse, et je crois n’avoir jamais oublié ses leçons. À ses côtés, j’appris beaucoup sur les limites du langage et de la raison, sur les emportements du sage, du fou aussi, sur le cheminement obscur et persistant d’une pensée à travers les siècles et les cultures, mais rien sur le secret qui l’entourait. »
Versailles
La dernière étape oséenne d’Elie Wiesel c’est la maison d’enfants de Versailles. Cette maison au nom symbolique de « Chez nous » est la 25ème maison ouverte par l’OSE pour les enfants de la guerre. Ouverte en janvier 1946, elle est inaugurée le 1er mai et reste ouverte jusqu’en 1962, grâce à une communauté juive très dynamique.
Le 63, avenue de Paris a une histoire prestigieuse. Il s’agit du pavillon de Provence, où naquit le futur Louis XVIII. Il subsistait deux pièces d’époque magnifiques au premier étage, dite chambre de l’hôtel d’Auteuil, avec des panneaux de bois sculptés et d’immenses glaces comme celles du château de Versailles. C’est une maison mixte pour une cinquantaine de jeunes adolescents de 14 à 18 ans de stricte observance. Elle fut ouverte par Madame Feist et Gaby Cohen (Niny) avec un groupe de jeunes déportés de Buchenwald, destinés à reprendre leur scolarité, et que l’OSE voulait mélanger à d’autres enfants, venus essentiellement de l’Hirondelle, à La Mulatière, ou d’autres maisons de la région parisienne.
Puis, la maison sera dirigée par Felix et Marguerite Golsdmidt, qu’Elie Wiesel appréciait beaucoup. D’ailleurs, il passait à Versailles une partie de son temps libre. « L’OSE m’offre alors la possibilité d’occuper un petit studio au Quartier latin. Un camarade d’Ecouis, plus âgé que moi et qui est inscrit en Sorbonne, s’évertue à m’initier aux choses de la vie, comme on dit : il me présente à une soubrette, qui veut bien se charger de mon apprentissage. Après quelques jours, je déclare forfait. Je reviens à Versailles. ‘Chez nous’, c’est chez moi. »
L’ambiance religieuse de la maison convient tout à fait au jeune homme. À Versailles, on observe le shabbat et les fêtes. On chante le Birkat Hamazon après les repas. On va à l’office matin et soir. Le vendredi soir est une fête renouvelée chaque semaine. Le temps s’arrête, la maison, ouverte à bon nombre d’invités étrangers, s’apprête à accueillir le shabbat avec des chants à table et en dehors. Elie Wiesel jouait du violon, mais surtout entonnait de sa belle voix de contre-altiste, les chants du shabbat en yiddish ou en araméen. Deux bouts de phrases du Zohar, apprises à Sighet, sa ville natale bouleversaient tout le monde, y compris les religieuses d’à côté qui ouvraient leur fenêtre pour l’écouter. L’étude de la parasha, le samedi, était introduite par Félix Goldschmidt. De temps à autre Shouchani, le maître de Lévinas, puis d’Elie Wiesel, venait étudier à Versailles. Il pouvait parler des heures entières, d’autant que, disait-il, à chaque difficulté correspondaient 13 explications.
L’oneg shabbat, le samedi après midi à partir de 17h, était aussi minutieusement préparé. On racontait des histoires liées à la parasha de la semaine, ou on lisait le commentaire de l’éditorial d’André Mauriac pour se tenir au courant de l’actualité. Le soir, on dansait la hora dans la cour, mais les garçons étaient bien plus timides que les filles.
Elie Wiesel a monté une chorale très prisée à Versailles, à laquelle il consacre de longues pages, où perce tendresse et fierté. Israël Adler, shalia’h, (émissaire de l’agence juive) – qui dirigea, un temps, le département de musique de la Bibliothèque nationale et qui devint par la suite un musicologue mondialement connu – l’accompagnait au piano. Le jeune Elie Wiesel ne sait trop quoi faire de sa vie, ni quelle orientation prendre. Il est tenté, comme certains de ses camarades et des enfants de l’OSE de Versailles, de partir en Palestine. Car il avait juré que s’il s’en sortait, il ne resterait pas en Europe, terre maudite, gorgée de sang. De longues conversations ont lieu entre copains. « Quant à moi, je reste indécis. Essayer de m’inscrire au Conservatoire ou à la faculté des Lettres ? La Terre sainte m’attire, mais je ne me sens pas encore prêt. Jai dix-huit ans et je vis en suspens. Que faire de ma vie, et où le faire ? Je travaille avec François, avec Shoushani, je lis tout ce qui me tombe entre les mains. C’est bête mais, avant de découvrir Malraux, Camus et Mauriac, je lis La Critique de la raison pure (ne riez pas) en yiddish. Le Capital aussi. Et Hegel. Et Spinoza. La philosophie m’accapare, me dévore. »
Le mérite de l’OSE est d’avoir su laisser du temps au jeune homme et de l’avoir encouragé à faire des études. Ce qu’elle n’a pas toujours fait pour les autres. C’est là qu’entre en scène Bô Cohn, le directeur pédagogique de l’OSE qui le guide et le conseille. Il l’encourage à faire des études, avoir un diplôme sert toujours. La Terre Sainte peut attendre. Pour lui permettre de voir venir, l’OSE lui propose d’animer une colonie de vacances religieuse à Montintin, dans le Limousin. Elie y donne des cours de bible et organise des débats sur la situation en Palestine.
C’est encore Bô Cohn qui l’encourage à quitter Versailles et qui lui trouve une chambre, pas loin de son propre domicile, porte de Saint-Cloud. Ils sont trois à être dans la même situation et à bénéficier de la sollicitude bienveillante de Bô et de sa femme Margot. Il sait qu’il peut compter sur eux. C’est encore cela le mérite de l’OSE : avoir su trouver pour ces jeunes irrémédiablement atteints, des adultes qui purent jouer le rôle de substituts parentals, soit des béquilles assez solides, soit des exemples à suivre. Sans parler des figures féminines qui furent très importantes pour le jeune homme.
En 1947, Elie Wiesel choisit enfin, il s’inscrit en fac de lettres à la Sorbonne, il a 18 ans. Un an après, il part à Tel Aviv avec une carte de correspondant étranger, pour le compte du journal yiddish de l’Irgoun, Zion in Kampf, la lutte de Sion. C’est ainsi qu’il entame sa carrière de journaliste. Le cordon ombilical avec l’OSE est coupé.
*Toutes les citations sont extraites de l’ouvrage autobiographique d’Elie Wiesel, Tous les fleuves vont à la mer… et la mer n’est pas remplie, éditions Seuil, 1994.
Lundi 18 juillet à Nice s’est tenu un point d’écoute et d’orientation pour les victimes de l’attentat survenu le jeudi 14 juillet à Nice.
Organisée par le CRIF avec les institutions de la communauté juive de Nice et de sa région, cette rencontre s’est déroulée avec la participation d’un psychiatre de l’Unité Psychotraumatismes et Résilience de l’OSE.
Depuis vendredi deux psychiatres experts de l’Unité psycho trauma de l’OSE sont intervenus en appui des services publics.
Pour plus d’informations, vous pouvez contacter l’Unité Psychotraumatismes et Résilience de l’OSE :
Nikolaus Meyer-Landrut, ambassadeur d’Allemagne, a remis, le mardi 12 juillet 2016, dans les salons de l’hôtel de Beauharnais, les insignes de l’Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne à Georges Loinger, ancien grand résistant juif et français.
Entouré de membres de sa famille et de proches, Georges Loinger a accepté de recevoir cette distinction qui récompense les mérites au titre de sa participation au sauvetage des enfants juifs pendant la guerre, au sein du réseau Garel, mis en place par l’OSE.
Patricia Sitruk, directrice générale de l’OSE, Serge Klarsfeld, avocat et historien et Haïm Korsia, Grand rabbin de France, ont rendu hommage, en ouverture de la cérémonie, au grand résistant que fut Georges Loinger.
À l’issue du discours de Nikolaus Meyer-Landrut, Georges Loinger, arborant au revers de sa veste la médaille de l’Ordre du Mérite, s’est à son tour exprimé dans un discours ponctué de phrases en allemand, pour rappeler son parcours pendant la guerre. Pour rappeler aussi, devant un public composé également de jeunes lycéens allemands et français, qu’il existe une autre Allemagne et que, selon les mots de Haïm Korsia, Grand rabbin de France, cette médaille du mérite honore l’humanité toute entière.
Un mois et demi après, Georges Loinger a fêté ses 106 ans !
Patricia Sitruk et Jean-François Guthmann ont eu l’honneur de déjeuner avec lui et ses proches.
Nous saluons le compagnon de l’OSE, passeur de frontières avec tant d’enfants de l’OSE pendant la Guerre.
Longue vie à lui ! Et jusqu’à 120 ans !
Lundi 11 juillet 2016, à la Mairie de Paris, sous l’égide de la Mairie de Paris et l’Institut Elie-Wiesel, un hommage solennel auquel l’OSE était associée, a été rendu à la mémoire d’Elie Wiesel, disparu le 2 juillet.
Parmi les nombreuses personnalités présentes : le Premier Ministre, Manuel Valls, la Maire de Paris Anne Hidalgo, le Grand-Rabbin de France Haim Korsia, Elie Elalouf, Président de l’Institut Elie Wiesel, David de Rothschild, Président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Jean-François Guthmann, Président de l’OSE.
Devant une assistance très dense, parmi laquelle de nombreux cadres de l’OSE, tous ont évoqué avec beaucoup d’émotion, la vie et l’œuvre d’Elie Wiesel, et la perte immense de la force de son témoignage, de son combat contre toutes les injustices depuis son retour de l’enfer des camps.
Retour qui a commencé à l’OSE et dont Jean-François Guthmann a narré les différentes étapes ainsi que les liens irréfragables tissés entre lui et l’OSE, dont aujourd’hui une maison d’enfants à Taverny porte le nom.
« La paix n’est pas un don de Dieu à ses créatures, c’est un don que nous nous faisons les uns aux autres », Elie Wiesel, Prix Nobel de la Paix
Elie Wiesel nous a quittés le 2 juillet 2016. Il avait 87 ans. Depuis l’annonce de son décès, l’émotion est vive et les hommages du monde entier se succèdent, rappelant la mémoire de l’homme de paix, de l’écrivain, du témoin de l’histoire, engagé dans la politique de son temps.
Nous souhaitons ici rappeler la mémoire de cet enfant de l’OSE que fut Elie Wiesel, qu’il n’a cessé d’être tout au long de sa vie. « Sans l’Oeuvre de Secours aux Enfants, je ne serai pas ici à vous parler… », avait-il confié lors d’une interview, donnée à l’occasion de la nomination de la maison d’enfants de Taverny, depuis novembre 2008, Maison d’enfants Elie Wiesel.
Quelques photos de la nomination de la maison d’enfants de Taverny : Maison Elie Wiesel
À sa libération de Buchenwald, il fait partie des 426 enfants et adolescents, accueillis par la France et pris en charge par l’OSE. D’abord hébergé dans le préventorium d’Ecouis, dans l’Eure, durant l’été 1945, pour réapprendre à vivre, Elie Wiesel vécut ensuite dans différentes maisons d’enfants de l’OSE, à Ambloy et Taverny, maisons de stricte observance, également dans la maison de Versailles.
Il a consacré à cette période de sa vie des pages très émouvantes, dans son récit autobiographique Tous les fleuves vont à la mer… et la mer n’est pas remplie (éditions du Seuil, 1994), on y lit le jeune homme timide, amoureux de la belle Niny, le talmudiste accompli, l’étudiant féru de langue française. L’ami fidèle aussi, car durant sa vie à l’OSE, il a noué des liens indéfectibles avec les autres « enfants de Buchenwald », des enfants de l’OSE tout comme lui, qui sont devenus sa famille.
Elie Wiesel représente un rempart contre le silence, l’oubli et l’indifférence, son enseignement, ses textes, sa vie toute entière, en attestent. À nous désormais de reprendre et poursuivre l’œuvre de transmission qu’il n’a eu de cesse d’accomplir tout au long de son existence.
En partenariat avec l’association HAC, l’OSE a participé à la sortie en mars 2016, de la version CD audio du texte le plus terrible et le plus célèbre d’Elie Wiesel, La Nuit.
« Ceux qui ne connaissent par leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence. »
Hommage du Grand-Rabbin de France, Haïm Korsia, prononcé le mardi 5 juillet à la Maison Elie Wiesel
Elie Wiesel a marqué nos vies de par son inlassable action pour défendre les droits de l’homme de par le monde
“Ceux qui ne connaissent pas l’histoire s’exposent à ce qu’elle recommence”, disait Elie Wiesel, rescapé des camps d’Auschwitz et de Buchenwald. Ce fut l’engagement d’une vie, de toute sa vie, qu’il a passée à arpenter le monde pour mettre des mots sur l’innommable, l’indescriptible, l’indicible vie des camps où ont péri ses parents et sa sœur, et avec eux six millions d’âmes.
Dans La Nuit, il a témoigné avec des mots si forts et si touchants de la cruauté des camps, la faim, le froid, la torture, mais aussi l’obstination à ne pas perdre sa dignité d’homme et la culpabilité de n’avoir su ou pu accompagner son père au crépuscule de sa vie. Il y raconte cette nuit qu’il n’oubliera jamais, le silence et les volutes de fumée, l’obscurité qui recouvre le monde car elle a déjà recouvert le cœur des hommes. Il en tire une obligation de vigilance, un devoir, non pas seulement de mémoire, mais d’attention aux signaux faibles du monde, comme un écho au verset du Prophète Isaïe: “Veilleur, où en est la nuit? Veilleur, où donc en est la nuit?” (XXI, 11).
Parce que la peur ne l’a jamais quitté, qu’un jour, le monde oublie ou ne banalise la Shoah, Elie Wiesel a dédié sa vie à l’éducation des jeunes générations, à la transmission de ses souvenirs et de ses plus grandes craintes, pour que plus jamais personne ne vive l’enfer de son adolescence, et peut être pire encore, afin que personne ne sombre dans l’indifférence envers celui qui est nié, où que ce soit, dans sa dignité humaine.
Elie Wiesel, qui étudiait le Talmud, avait écrit en 1982 dans Paroles d’étranger: “Dieu se veut à l’origine de tous nos actes et à leur dénouement aussi. Il est à la fois question et réponse”. Aussi ne puis-je m’empêcher de citer un passage talmudique qui nous enseigne qu’un juge ne doit pas être trop vieux, car il ne doit pas oublier la difficulté d’élever des enfants. Elie Wiesel avait cette capacité incroyable d’écouter et de jauger le monde, ses bienfaits comme ses travers, sans pour autant le juger, car il avait toujours le désir de nous élever.
J’ai eu le bonheur d’échanger avec lui à Reims, lors de sa venue à l’école de commerce pour une conférence et, plus encore, de retrouver pour lui et avec lui les chants de chabbat de sa jeunesse en yéchiva que Emeric Deutsch m’avait transmis. Et je l’ai vu s’ouvrir comme un livre et raconter, avec toujours un mot particulier pour chacun, anciens comme plus jeunes, et même les enfants, qu’il aimait tout particulièrement rencontrer dans les maisons de l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants) qui l’avait accueilli après-guerre et à laquelle il est resté fidèle bien que vivant aux Etats-Unis, en acceptant notamment de donner son nom à la maison de Taverny.
C’est là, en cette maison, qu’avec la direction et ses camarades de l’OSE, nous avons voulu lui rendre mardi dernier le seul hommage qui lui convienne, celui de l’étude. Dire ce que nous lui devons, c’est le rendre toujours présent à nos questions, à nos doutes et à nos espérances. Mais lorsque nous avons chanté, à faible voix et juste avec les anciens qui avaient partagé sa remontée à la vie, le niggun, la mélopée si prenante des mariages hassidiques qui nous venait de son monde d’hier, nous savions qu’Elie Wiesel continuerait de nous murmurer au cœur et à l’âme sa sagesse et sa force.
Elie Wiesel était certes écrivain, mais il a surtout marqué nos vies de par son inlassable action pour défendre les droits de l’homme de par le monde. “Messager de l’humanité” comme l’avait qualifié le comité Nobel qui lui remit le si prestigieux et mérité Prix Nobel de la Paix en 1986, nommé Messager pour la Paix par l’ONU en 1998, il fut un grand militant de la paix et un défenseur hors du commun des valeurs humanistes universelles.
Si sa mémoire et ses engagements ont été unanimement salués, nous pouvons garder en nous le souvenir d’un homme simple, émouvant et au grand cœur, ainsi que des formules, dont lui seul avait le secret. Celle que je conserve pieusement est: “Le contraire de l’amour n’est pas la haine, mais l’indifférence”, que je cite très souvent, tant elle résonne dans mon esprit, tant elle m’inspire et m’oblige au quotidien.
Son histoire nous a bouleversés, son courage et sa simplicité aujourd’hui nous obligent, car nous sommes tous un peu ses enfants. “Celui qui écoute les témoins devient témoin à son tour” a écrit et répété Elie Wiesel. Il nous faut poursuivre inlassablement et aussi humblement que lui son œuvre et raconter toujours et encore la Shoah, car nous tous qui l’avons écouté, admiré et estimé, sommes dorénavant, collectivement, ses témoins.
Puissions- nous être dignes de son témoignage, Puissions-nous prendre le relais et transmettre à notre tour, Puisse la mémoire du Mensch Elie Wiesel être bénie.
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