L’OSE est entrée le mois dernier dans l’année de son centenaire. Son directeur explique comment elle veut profiter de l’événement pour renforcer son positionnement dans les domaines de l’enfance, du handicap, la dépendance, la santé et la mémoire.
Actualité juive : Le Centenaire de l’OSE a démarré à Saint-Pétersbourg le mois dernier. Que s’est-il passé depuis en France et à l’étranger ?
Roger Fajnzylberg : Le Centenaire a été lancé à Saint-Pétersbourg où l’OSE est née en 1912. Les festivités ont démarré avec une exposition sur l’histoire des médecins de l’OSE depuis cent ans. Cette exposition montre comment l’OSE a été une ONG avant l’heure. Elle va circuler dans différents pays d’Europe et notamment en France à partir du 6 mars au Musée d’Histoire de la Médecine, à Paris. En France, justement, nous avons déployé au mois de décembre une banderole de plusieurs mètres de haut sur le siège de l’OSE avec le slogan du Centenaire « L’Osé, 100 ans d’avenir ». Nous avons également organisé un spectacle de Ben Zimet « Un enfant de la Corrèze » et inauguré une exposition sur le sauvetage des enfants pendant la Shoah au Collège des Bernardins (voir encadré).
A.J. : Quel est votre état d’esprit en ce début de festivités ?
R.F. : Le Centenaire est un événement majeur pour l’institution. Nous le préparons depuis deux ans. Nous sommes heureux qu’il ait obtenu le Haut Patronage du Président de la République et qu’il figure dans le calendrier des commémorations de la République de l’année 2012. Le Centenaire a aussi reçu le soutien de la ville de Paris, de la région Ile-de-France et de nombreux ministères, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de la Fondation Bettancourt-Schueller et de l’Union Européenne, le soutien d’entreprises partenaires…
A.J. : Qu’en attendez-vous ?
R.F. : Qu’il rende tout d’abord hommage aux équipes de l’OSE et à leur travail partout dans le monde depuis 1912. L’OSE a cent ans, mais elle a aussi un grand avenir devant elle. L’idée est donc de parler du passé en retraçant son histoire, de l’action aujourd’hui et du futur en évoquant ses projets. Nous voulons notamment rappeler que, pendant la guerre, elle a contribué à sauver des milliers d’enfants et qu’elle les aidés, après, à recevoir une éducation et à se reconstruire. Aujourd’hui, l’OSE mène un travail fantastique dans cinq domaines : l’enfance, la santé, le handicap, la dépendance et la mémoire. Elle est reconnue comme un interlocuteur sérieux par les pouvoirs publics.
A.J. : D’abord spécialisée dans la santé et l’enfance, l’OSE s’est ouverte au handicap et à la dépendance. Pourquoi ?
R.F. : L’OSE, au départ, était en effet spécialisée dans la santé et l’enfance et il est vrai qu’ensuite, des opportunités nous ont amenées à nous orienter vers le handicap et le grand âge. Cette évolution positive a donné à l’OSE une assise d’intervention globale. Nous agissons dans les domaines de la famille au sens large, depuis la jeune enfance jusqu’à la fin de vie. Nous souhaitons renforcer ce positionnement.
A.J. : Comment l’OSE veut-elle transmettre son patrimoine culturel ?
R.F. : Nous voulons transmettre la mémoire de l’institution aux jeunes générations et leur montrer comment une association comme la nôtre peut être fière et enracinée dans son histoire et son héritage culturel juif tout en étant ouverte sur le monde et la cité. L’OSE a sa place dans l’action sociale nationale. Nous vivons aujourd’hui une période de grands bouleversements du point de vue de l’organisation du monde associatif médical et médico-social avec une concentration du nombre d’associations. Le Centenaire est l’occasion de marquer le dynamisme et l’innovation de l’OSE au service des populations.
A.J. : Regarder vers l’avenir, c’est rassembler des hommes et monter des projets. Le Centenaire a-t-il aussi vocation à sensibiliser les anciens et les sympathisants à vos actions ?
R.F. : Bien sûr, et cela va se traduire par deux manifestations importantes. La première est le concert du 16 février à la salle Gaveau avec l’orchestre national de Région dirigé par le fameux chef Marc Minkowski. La seconde est un rassemblement populaire le dimanche 1er juillet, de plusieurs milliers de personnes sur la pelouse de Reuilly dans le Bois de Vincennes. Nous souhaitons que ce rassemblement réunisse celles et ceux qui ont bénéficié de l’aide de l’OSE dans leur vie, que cela soit des enfants cachés pendant la guerre, des enfants partis en colonies de vacances, des personnes qui ont bénéficié du dispensaire ou des anciens salariés. Nous voulons réunir toute la communauté juive pour rendre hommage à l’action de l’OSE et montrer notre engagement au service de tous.
A.J. : Aujourd’hui, êtes-vous fier de diriger une institution comme l’OSE ?
R.F. : C’est plus qu’un sentiment de fierté, c’est un honneur de pouvoir donner mon savoir-faire à l’OSE et de conduire, en parfaite harmonie avec notre Président, Jean-François Guthmann, qui est un leader désintéressé et généreux pour la Communauté, l’institution vers ses nouveaux développements. Un jour viendra le temps de passer la main et à mon tour, d’être remplacé par d’autres dirigeants professionnels de l’association. Aujourd’hui, je suis dans le temps de l’action.
Propos recueillis par Yaël Scemama