Exposition “L’OSE, une ONG avant l’heure”

L’exposition « L’OSE, une ONG avant l’heure, des médecins juifs, acteurs et témoins d’un siècle tourmenté » retrace le rôle fondateur des médecins de l’association. Elle rappelle que l’OSE a œuvré, dès 1912, dans l’aide d’urgence. Et ce, comme une organisation d’intérêt public ne relevant d’aucun Etat. Cette exposition sera présentée du 6 au 27 mars 2012 (de 14h à 17h30 sauf jeudi et dimanche).

Pendant un siècle, des médecins juifs ont façonné l’histoire de l’OSE tout au long de ses pérégrinations à travers le monde. Ils venaient de Russie, d’Allemagne, de France, puis de Tunisie et du Maroc. Ils ont œuvré pour le développement des populations juives par le biais de l’hygiène et de l’éducation et ont contribué au sauvetage des enfants pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui en France, les médecins de l’OSE s’engagent dans les nouvelles solidarités comme la gériatrie, le handicap et les jeunes en difficulté.

Pour bien comprendre ce qu’est l’OSE aujourd’hui, il importe de comprendre d’où elle vient. Fruit d’un travail collectif, cette belle exposition devrait intéresser un public très large.

Infos pratiques :

Musée d’Histoire de la Médecine Université Paris Descartes
6 au 27 mars 2012 (de 14h à 17h30, fermeture jeudi et dimanche).
12 rue de l’Ecole de Médecine 75006 Paris (Métro Odéon).
Pour toute information complémentaire : OSE France 117, rue du Faubourg du Temple 75010 Paris. Tél : 01 53 38 20 20

Le montage de l’expo vous intéresse ? Faites un tour sur notre blog spécial Centenaire : www.100ansdavenir.org

 

Ils font l’OSE : Lili Garel, « Être présente pour la mémoire de mon mari »

Résistante et épouse de Georges Garel, Lili Garel est une figure incontournable de l’OSE. Elle s’est confiée à l’association dans le cadre de son Centenaire.

« Aujourd’hui, l’OSE est en France, mais ses racines sont russes. Quand je l’ai connue en1942, il s’agissait d’une petite structure de compagnons dévoués dans le champ médico-social auprès des familles juives. L’ambiance y était très chaleureuse, empreinte de la culture russe. Je suis fille de Russes, l’OSE est fille de Russes. Quand j’étais petite, l’an 2000,c’était dans la stratosphère ! Aujourd’hui, nous sommes presque en 2012 et l’OSE agit tous azimuts. La petite structure a su se développer et s’occupe d’enfants, de personnes âgées, de maladesd’Alzheimer ; son cadre d’exercice s’est démultiplié et  je trouve que c’est merveilleux! L’OSE est une association qui commence à être connue et reconnue. Il fallait fêter son Centenaire pour rappeler ses origines et son passé glorieux, honorer les fondateurs et les sauveteurs…Je suis parmi les plus anciennes de l’OSE ; j’y étais assistante sociale à Lyon. Aujourd’hui, j’ai 90 ans et une grande famille. Je suis bénévole et je m’occupe d’une maison de retraite du« FIR », Foyer israélite des réfugiés, où je côtoie la solitude et la décrépitude. J’ai beaucoup d’enfants :7 enfants, 12 petits-enfants,7 arrière-petits-enfants et une vie sociale et familiale bien remplie. Je suis très attachée à l’OSE, qui me rappelle tous les gens qui ont travaillé avec mon mari, Georges Garel. Je souhaite être très présente pour ce Centenaire en sa mémoire et je voudrais que lui soit très présent. Il avait son« réseau Garel » qui mérite d’être reconnu et honoré puisqu’il a permis de sauver des milliers d’enfants des griffes nazies et de Vichy. Il s’agit d’une des grandes pages de l’OSE. En 1942, Georges avait eu deux propositions de résistance, une dans le groupe « Combat », l’autre de l’OSE par le biais de Joseph Weill pour le sauvetage des enfants. Nous en avons longuement discuté ensemble car nous parlions de tout. Georges Garel a pensé qu’il y aurait moins de candidats pour le sauvetage des enfants, et c’est cela qu’il a choisi.C’était quelqu’un qui avait le sens du devoir. Directeur de l’OSE en 1948, il en est resté le président jusqu’en1978, un an avant sa mort, en 1979.C’est le propre de l’OSE d’attirer le dévouement. Depuis toujours, l’OSE a à voir avec le social et est ouverte à tous. Il faut que cela continue! »

Le sauvetage des enfants juifs par l’OSE, deux documentaires diffusés sur la chaîne Toute l’histoire

A l’occasion du centenaire de l’OSE, la chaîne TOUTE L’HISTOIRE diffuse deux films documentaires inédits à la télévision sur le sauvetage des enfants juifs pendant la seconde guerre mondiale.

Le premier documentaire “OSE, le sauvetage des enfants juifs, 1938-1945” est un projet réalisé par Michel Kaptur et produit par Claude Berda, Président Directeur Général d’AB Groupe. Le second est une fresque documentaire très émouvante “Attention aux enfants! Les orphelins de la Shoah de Montmorency” de José Ainouz qui retrace le témoignage d’enfants cachés durant la guerre dans des maisons créées par l’OSE.
Rediffusions : 14/2 à 7h55, 15/2 à 23H20, 16/02 à 11H45, 17/02 à 14h25.

Interview de Roger Fajnzylberg dans Actualité Juive : «Nous préparons le Centenaire de l’OSE depuis deux ans» (2 février 2012)

L’OSE est entrée le mois dernier dans l’année de son centenaire. Son directeur explique comment elle veut profiter de l’événement pour renforcer son positionnement dans les domaines de l’enfance, du handicap, la dépendance, la santé et la mémoire.  

Actualité juive : Le Centenaire de l’OSE a démarré à Saint-Pétersbourg le mois dernier. Que s’est-il passé depuis en France et à l’étranger ?

Roger Fajnzylberg : Le Centenaire a été lancé à Saint-Pétersbourg où l’OSE est née en 1912. Les festivités ont démarré avec une exposition sur l’histoire des médecins de l’OSE depuis cent ans. Cette exposition montre comment l’OSE a été une ONG avant l’heure. Elle  va circuler dans différents pays d’Europe et notamment en France à partir du 6 mars au Musée d’Histoire de la Médecine, à Paris. En France, justement, nous avons déployé au mois de décembre une banderole de plusieurs mètres de haut sur le siège de l’OSE avec le slogan du Centenaire « L’Osé, 100 ans d’avenir ». Nous avons également organisé un spectacle de Ben Zimet « Un enfant de la Corrèze » et inauguré une exposition sur le sauvetage des enfants pendant la Shoah au Collège des Bernardins (voir encadré).

A.J. : Quel est votre état d’esprit en ce début de festivités ?

R.F. : Le Centenaire est un événement majeur pour l’institution. Nous le préparons depuis deux ans. Nous sommes heureux qu’il ait obtenu le Haut Patronage du Président de la République et qu’il figure dans le calendrier des commémorations de la République de l’année 2012. Le Centenaire a aussi reçu le soutien de la ville de Paris, de la région Ile-de-France et de nombreux ministères, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de la Fondation Bettancourt-Schueller et de l’Union Européenne, le soutien d’entreprises partenaires…

A.J. : Qu’en attendez-vous ?

R.F. : Qu’il rende tout d’abord hommage aux équipes de l’OSE et à leur travail partout dans le monde depuis 1912. L’OSE a cent ans, mais elle a aussi un grand avenir devant elle. L’idée est donc de parler du passé en retraçant son histoire, de l’action aujourd’hui et du futur en évoquant ses projets. Nous voulons notamment rappeler que, pendant la guerre, elle a contribué à sauver des milliers d’enfants et qu’elle les aidés, après, à recevoir une éducation et à se reconstruire. Aujourd’hui, l’OSE mène un travail fantastique dans cinq domaines : l’enfance, la santé, le handicap, la dépendance et la mémoire. Elle est reconnue comme un interlocuteur sérieux par les pouvoirs publics.

A.J. : D’abord spécialisée dans la santé et l’enfance, l’OSE s’est ouverte au handicap et à la dépendance. Pourquoi ?

R.F. : L’OSE, au départ, était en effet spécialisée dans la santé et l’enfance et il est vrai qu’ensuite, des opportunités nous ont amenées à nous orienter vers le handicap et le grand âge. Cette évolution positive a donné à l’OSE une assise d’intervention globale. Nous agissons dans les domaines de la famille au sens large, depuis la jeune enfance jusqu’à la fin de vie. Nous souhaitons renforcer ce positionnement.

A.J. : Comment l’OSE veut-elle transmettre son patrimoine culturel ?

R.F. : Nous voulons transmettre la mémoire de l’institution aux jeunes générations et leur montrer comment une association comme la nôtre peut être fière et enracinée dans son histoire et son héritage culturel juif tout en étant ouverte sur le monde et la cité. L’OSE a sa place dans l’action sociale nationale. Nous vivons aujourd’hui une période de grands bouleversements du point de vue de l’organisation du monde associatif médical et médico-social avec une concentration du nombre d’associations. Le Centenaire est l’occasion de marquer le dynamisme et l’innovation de l’OSE au service des populations.

A.J. : Regarder vers l’avenir, c’est rassembler des hommes et monter des projets. Le Centenaire a-t-il aussi vocation à sensibiliser les anciens et les sympathisants à vos actions ?

R.F. : Bien sûr, et cela va se traduire par deux manifestations importantes. La première est le concert du 16 février à la salle Gaveau avec l’orchestre national de Région dirigé par le fameux chef Marc Minkowski. La seconde est un rassemblement populaire le dimanche 1er juillet, de plusieurs milliers de personnes sur la pelouse de Reuilly dans le Bois de Vincennes. Nous souhaitons que ce rassemblement réunisse celles et ceux qui ont bénéficié de l’aide de l’OSE dans leur vie, que cela soit des enfants cachés pendant la guerre, des enfants partis en colonies de vacances, des personnes qui ont bénéficié du dispensaire ou des anciens salariés. Nous voulons réunir toute la communauté juive pour rendre hommage à l’action de l’OSE et montrer notre engagement au service de tous.

A.J. : Aujourd’hui, êtes-vous fier de diriger une institution comme l’OSE ?

R.F. : C’est plus qu’un sentiment de fierté, c’est un honneur de pouvoir donner mon savoir-faire à l’OSE et de conduire, en parfaite harmonie avec notre Président, Jean-François Guthmann, qui est un leader désintéressé et généreux pour la Communauté,  l’institution vers ses nouveaux développements. Un jour viendra le temps de passer la main et à mon tour, d’être remplacé par d’autres dirigeants professionnels de l’association. Aujourd’hui, je suis dans le temps de l’action.

Propos recueillis par Yaël Scemama