« Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme »

A la tribune de l’Assemblée nationale, Simone VEIL, ministre de la santé, présente son projet de réforme de la législation sur l’avortement.

Elle déclare : “L’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. Mais comment le tolérer sans que la société paraisse l’encourager ?

Je voudrais vous faire partager une conviction de femme. Je m’excuse de le faire devant cette assemblée presque exclusivement composée d’hommes. Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. C’est toujours un drame, cela restera toujours un drame.

C’est pourquoi si le projet tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler, et autant que possible en dissuader la femme”. Elle évoque ensuite la situation des femmes qui se trouvent en situation de détresse, que la loi rejette “dans l’opprobre, la honte et la solitude”, et s’interroge :

“Parmi ceux qui combattent aujourd’hui une éventuelle modification de la loi répressive, combien sont-ils ceux qui se sont préoccupés d’aider ces femmes dans leur détresse, combien sont-ils ceux qui, au delà de ce qu’ils jugent comme une faute, ont su manifester aux jeunes mères célibataires la compréhension et l’appui moral dont elles avaient un si grand besoin ?”

Voir la vidéo :

http://www.ina.fr/video/I07169806

Mai 2000, Simone Veil signait la préface de l’ouvrage Les lendemains

 

 

PREFACE De Madame Simone VEIL (mai 2000)

 

 

                Mai 1945. La guerre est finie, du moins en Europe. Pour autant, la tâche de l’OSE est loin d’être terminée. Il ne suffit pas d’avoir sauvé les enfants, elle veut encore leur donner la force et la joie de vivre.

 

            Certes, avec la libération du territoire français, une page avait été tournée : celle du combat devenu de plus en plus périlleux qui avait contraint les responsables de l’OSE à œuvrer dans la clandestinité.

 

            Au cours des derniers mois de l’occupation, le rythme des arrestations n’avait cessé de s’accélérer, la Gestapo cherchant à gagner de vitesse la progression des forces alliées. Enfants, malades, vieillards, que l’on pensait à l’abri dans des institutions, sont regroupés à Drancy pour être déportés aussi longtemps que les trains peuvent encore quitter la région parisienne. Nombre de responsables de l’OSE sont arrêtés, torturés, déportés ou même exécutés. Certains d’entre eux accompagneront les enfants jusqu’au bout dans leur tragique destin.

 

            À la Libération, sortie de la clandestinité, l’OSE se réorganise aussitôt pour faire face aux nouveaux besoins des enfants et des parents.

 

            En premier lieu, il faut les aider à se retrouver et regrouper, ce qui n’est pas toujours facile. Beaucoup n’ont ni logement ni moyens d’existence. Quant aux enfants dont les parents ont été déportés, jusque là placés dans des familles ou dans des institutions, pour la plupart catholiques ou protestantes, l’OSE se préoccupe de les accueillir dans ses propres maisons.

 

            Partagée entre l’espoir que la fin de la guerre ne tardera pas et l’angoisse sur le sort des déportés, l’OSE, faisant preuve d’une grande prudence, ne prend aucune mesure qui pourrait peser sur l’avenir des enfants qui lui sont confiés.

 

            Deux mille d’entre eux ne reverront pas leurs parents, parmi lesquels beaucoup resteront sous sa responsabilité.

 

            Ceux qui sont d’origine étrangère, et ils sont nombreux, n’ont souvent connu qu’une vie marquée par les persécutions nazies : l’exil, les camps d’internement, la séparation d’avec leurs parents, la clandestinité, des placements plus ou moins stables et plus ou moins satisfaisants. Certains d’entre eux n’ont plus aucun souvenir de leur passé familial, ils découvrent leur histoire avec leur véritable identité. À côté de ceux qui retrouvent ainsi une famille, il y a tous ceux pour lesquels les noms n’auront jamais de visage.

 

            À tous, l’OSE s’efforce de procurer la vie la plus normale possible, en dépit du traumatisme des années écoulées et des incertitudes pour l’avenir. Quels que soient leur origine, leur âge, leur situation de famille, le poids du cassé est si lourd que ces jeunes ont besoin d’être sécurisés par une atmosphère chaleureuse qui les met en confiance et leur permet d’acquérir les règles de vie et l’éducation dont ils ont été privés.

 

            Alors qu’elle est déjà confrontée aux problèmes posés par la diversité de situation entre des jeunes dont les uns réagissent par la violence tandis que d’autres se réfugient dans le silence et une certaine apathie, l’OSE se voit confier plus d’une centaine d’enfants qui viennent d’être libérés du camp de Buchenwald et que le Gouvernement français a proposé d’accueillir.

 

            Polonais ou Hongrois pour la plupart, ces enfants qui ont échappé par miracle à la chambre à gaz ont tous vécu des moments particulièrement dramatiques. De tous les membres de leur famille, dont certains ont parfois été assassinés sous leurs yeux, ils sont généralement les seuls survivants.

 

            Ils restent profondément marqués par les souffrances et la violence de la vie concentrationnaire.

 

            Ces jeunes n’ont pas choisi de venir en France — ils ne parlent pas le français et ne savent généralement rien de notre pays ni de l’OSE. L’accueil de la France leur permet cependant de ne pas être séparés les uns des autres et d’éviter d’attendre dans un camp de personnes déplacées un hypothétique visa pour aller en Palestine ou aux États-Unis. C’est alors le rêve de beaucoup d’entre eux. II deviendra ultérieurement réalité pour ceux qui ont persisté dans ce choix.

 

            Pour les responsables de l’OSE, la situation était totalement inédite. Il ne s’agissait pas seulement d’héberger, de nourrir et d’éduquer ces enfants. II fallait surtout leur apprendre à vivre avec leur passé, en leur préparant un avenir : les aider à retrouver des racines, à construire un projet de vie, à se supporter les uns les autres et à vivre ensemble en dépit des différences, des tensions et des rapports de force. Pour cela, ils devaient pouvoir s’exprimer librement avec leurs angoisses et leur révolte, afin d’exorciser les sentiments d’humiliation et de haine, voire de vengeance qu’ils ressentaient.

 

            À la méfiance vis-à-vis des adultes, à la tentation de la violence engendrée par la volonté de survivre, à la négation des valeurs, il fallait opposer le sens de l’humain et de la solidarité. Face à la désespérance, il fallait faire renaître l’espoir et le goût de la vie. Le malheur partagé, leur expérience vécue en commun et les liens d’amitié noués entre eux constituaient une base solide pour cet apprentissage d’une nouvelle vie.

 

            La création du journal « Lendemains » leur a apporté cet espace de liberté qui leur a permis de tout affronter.

 

            Au cours des années 1946 et 1947, les quatorze numéros qui ont été entièrement réalisés par des jeunes de l’OSE ont circulé d’une maison à l’autre. Véritable journal de bord, ces numéros successifs traduisent l’évolution de l’état d’esprit des intéressés.

 

            Dans les premiers numéros, on note avant tout leur solitude, leurs difficultés à s’intégrer, leurs dissensions. Le temps qui passe les rapproche. Leur intérêt pour les gens et les choses s’éveille. Le goût de vivre revient ainsi que leur capacité à se projeter dans l’avenir.

 

            Jouant le rôle de médiateur, « Lendemains » ouvre des débats, permet à chacun d’argumenter à propos du judaïsme, d’un éventuel départ pour la Palestine, de l’avenir qui les attend, etc.

 

            Grâce à cette confrontation d’idées, les esprits mûrissent, favorisant la compréhension entre des adolescents unis par leur passé, mais dont chacun a désormais besoin de s’affranchir pour affirmer sa personnalité et choisir son destin.

 

            Cinquante ans après, la lecture de « Lendemains » suscite une profonde émotion qui, outre les souvenirs douloureux qu’elle évoque, est l’occasion de rendre hommage à l’action admirable de l’OSE qui, de ces jeunes sortis de l’univers concentrationnaire, a su faire des hommes.

 

            On ne peut donc que se réjouir de la réédition de ces journaux dont il ne subsiste que quelques exemplaires, témoignages du courage et d’une volonté de survivre, symboles de la victoire sur les nazis et la Solution Finale.

 

Madame Simone VEIL

Ancien Ministre d’État

Ancien Président du Parlement Européen

 

 

Hommage de l’OSE à Simone Veil

Simone Veil était aussi une grande dame de l’OSE. Membre d’honneur du Conseil d’Administration, son souvenir reste vif.

« L’histoire de l’OSE, c’est celle des enfants juifs, certains encore au berceau, qui ont été victimes d’une traque implacable. Arrachés des foyers où ils avaient trouvé refuge, poussés dans ces lugubres trains de la mort, ils ont connu la pire des angoisses et des détresses avant de subir leur destin final.

Ce destin fut souvent partagé par les médecins, les monitrices, les employés de l’OSE qui ont choisi de rester avec les enfants et de mourir avec eux.

Mais l’histoire de l’OSE, c’est aussi celle d’une lutte incessante, lucide et courageuse pour sauver les enfants juifs. Notre reconnaissance va vers les femmes et les hommes qui, souvent au péril de leur vie, se sont élevés contre les bourreaux pour leur arracher leurs victimes. Et nous ne devons pas oublier que, parmi ex, figurent aussi beaucoup de Français non juifs, dont le courage et la générosité ont permis à tant d’enfants d’échapper au génocide.

Nombre de rescapés de l’extermination n’ont pas revu leurs parents. Sortis de ce cauchemar, ils ont dû réapprendre à vivre. Aujourd’hui par ce qu’ils sont devenus, ils témoignent de la prééminence du bien sur le mal. »

Décembre 1983
Simone Veil, Ancien Ministre, Ancien Président du Parlement Européen

La photo ci-dessous a été prise à l’occasion de la célébration des 80 ans d’Elie Wiesel à Paris, à la Sorbonne : les 12 et 13 novembre 2008, l’OSE et l’institut Universitaire d’Etudes Juives Elie-Wiesel avaient organisé en son honneur le colloque « Lire, étudier après la catastrophe » à la Sorbonne.

Hommage à Simone Veil et à Elie Wiesel

Un an après la mort d’Elie Wiesel, un square portant le nom de cet homme d’exception a été inauguré à Paris le jeudi 29 juin par Anne Hidalgo, Maire de Paris en présence de l’OSE.

 

Le lendemain, nous apprenions avec émotion le décès de Mme Simone Veil. Ces deux « mentschen » se connaissaient et s’estimaient.

La photo ci-dessus a été prise à l’occasion de la célébration des 80 ans d’Elie Wiesel à Paris, à la Sorbonne : les 12 et 13 novembre 2008, l’OSE et l’institut Universitaire d’Etudes Juives Elie-Wiesel avaient organisé en son honneur le colloque « Lire, étudier après la catastrophe » à la Sorbonne.

Mémorable, cet anniversaire avait réuni quelques 1500 personnes et la plupart des anciens enfants rescapés de Buchenwald.  A cette occasion, la maison d’enfants de Taverny de l’OSE avait été nommée Maison Elie-Wiesel.

Les obsèques de Simone Veil se tiendront mercredi 5 juillet aux Invalides au cours d’une cérémonie officielle présidée par Emmanuel Macron, Chef de l’Etat. Le Grand Rabbin de France Haïm Korsia dirigera l’office.

Avec cette photo, nous saluons la mémoire de ceux deux « mentschen ».

 

Inauguration du Square Elie-Wiesel en présence de l’OSE

Le jeudi 29 juin, le maire du 3ème arrondissement de Paris Pierre Aidenbaum, ainsi que la maire de Paris Anne Hidalgo ont inauguré le Square du Temple Elie-Wiesel, à l’occasion du premier anniversaire de la disparition de cet homme d’exception.

A cette occasion, Anne hidalgo a rendu un vibrant hommage à l’action de l’OSE aujourd’hui en matière de protection de l’enfance.

Assemblée générale 2017 : les productions filmées des établissements à l’honneur

L’Assemblée générale annuelle de l’OSE s’est tenue ce mercredi 28 juin 2017. Présidée par Jean-François Guthmann, en présence de Patricia Sitruk, Directrice générale, des adhérents et administrateurs de l’OSE, ainsi que de nombreux cadres. L’OSE avait également invité Michèle Jablon, Présidente de l’APAJ, association partenaire et gestionnaire du foyer Le Buisson Ardent à Strasbourg, ainsi que sa directrice, suite à la signature du partenariat entre nos deux associations.

Le président a tenu à rendre hommage à deux amis de l’OSE disparus en 2016 : Elie Wiesel, dont l’histoire est profondément liée à l’OSE et qui a donné son nom à la maison d’enfants de Taverny ; et Claude Meyer, ancien membre d’honneur du Conseil d’administration de l’OSE.

La présentation du rapport moral 2016 par le Président et la Directrice générale a permis de revenir sur les principales réalisations de l’année, qui ont été nombreuses et enrichissantes. Le trésorier a présenté les comptes 2016, qui cette année encore sont particulièrement sains et maîtrisés pour l’ensemble des missions sociales menées.

Le rapport d’activité 2016 dans son intégralité est disponible en ligne ici.

Le Président et la directrice générale de l’OSE ont remis solennellement la médaille de l’OSE à Marie-Claire Godefroy, directrice du Placement familial et Sylvie Allano, directrice de la MECS Eliane-Assa, qui prennent cette année leur retraite après près de 4 décennies d’engagement au sein de l’association.

Pour finir, l’OSE a souhaité mettre à l’honneur les productions filmées et artistiques des établissements : des présentations audiovisuelles de 4 structures de l’OSE ont été projetées, une exposition de tableaux réalisés par les adolescents accueillis ainsi qu’un film sur le Buisson Ardent à Strasbourg.

Fête de la musique au Café des Psaumes : un très beau plateau d’artistes

A l’occasion de la fête de la musique, le 21 Juin et  à l’initiative du Café des Psaumes, la rue des Rosiers a résonné, sous la chaleur du Marais, de toutes les nuances de la musique juive.

Le Café des Psaumes a  organisé un concert éclectique de musiciens chevronnés qui ont  fait danser et chanter jusque tard dans la soirée, attirant les fidèles du Café mais aussi les  passants.

Au total un plateau aussi  traditionnel que plein de surprises, intergénérationnel, avec des têtes d’affiche comme les Marx Sisters et leurs airs yiddish entrainants.  Autres musiciens brillants de Klezmer, Claude Berger et Florian Dimitru ont également fait un tabac.

Les amateurs de belles voix se sont régalés à l’écoute de Michèle Tauber, puis de la Chorale  Hebrew  Spirtual Singers.

Pour clore le show, Alain Douieb, a porté  la musique orientale au sommet.

Cette année encore, le Café des Psaumes a réussi à donner à la fête de la musique les sons de l’âme juive…Rendez-vous est pris pour l’an prochain.

 

Que du bonheur du 2 au 21 août avec la colonie de l’OSE : les inscriptions sont ouvertes !

Cet été, envoyez votre (vos) enfant(s) en colonie de vacances avec l’OSE aux Gets, près de Morzine, en partenariat avec Kadima.

Entre le Lac Léman et le Mont Blanc,  le site est idéal pour goûter aux sports aquatiques et aux activités de la montagne en été. Et ces moments de bonheur sont  accessible à tous !  

Le montant du séjour est, en effet, établi en fonction du revenu des parents. Aides et facilités de paiement sont donc attribuées au cas par cas (en fonction du coefficient familial).

Les « bons de vacances » CAF sont acceptés.

Description

Entre lac et montagne, les Gets est une station qui permet d’assouvir toutes ses envies !

Activités

V.T.T. • Aqua rando • Piscine • Équitation • Camping •
Rafting • Canyoning • Ski nautique • Escalade • Tennis •
Football • Ping-pong…
Grands jeux • Journées à thèmes • Excursions
Soirées jeux • Spectacles • Projections

Public
Enfants de 6 à 17 ans.

Renseignements et inscriptions :

OSE Vacances • 117, rue du Faubourg du Temple 75010 PARIS •

Contact : Aaron Sellem • Port: 06 44 67 60 61 Sellem • Email: colo@ose-france.org

Quand le fils d’un ancien enfant de l’OSE ouvre une fenêtre sur le monde aux enfants accueillis par l’OSE

Le dimanche 4 juin, les enfants de la Maison d’enfants Eliane-Assa à Draveil, accompagnés de leurs éducateurs, ont passé une journée champêtre en Picardie sur le domaine Château de la Bertichères. Ils y ont découvert le monde du cheval et plus précisément celui du « jumping » (saut d’obstacles), dans le cadre du prestigieux concours de Royal Jump. Pour clôturer cette journée extraordinaire, les enfants ont assisté au concert donné par Patrick Bruel.

Depuis 2 ans, Christophe Blumenzak, lui-même fils d’un ancien enfant de l’OSE, tient à leur offrir généreusement cette journée. Il a également convié à plusieurs reprises les enfants des maisons de l’OSE au théâtre, où ils sont pu assister à des comédies musicales telles Notre Dame de Paris, Roméo et Juliette ou encore Rabbi Jacob.

Au nom de l’OSE et des enfants accueillis, un grand merci.